Par Vanessa Renaud, administratrice, Fédération de l’agriculture de l’Ontario
Au Canada, l’agriculture est un secteur historiquement dominé par les hommes. Les femmes en font partie intégrante depuis toujours, mais elles travaillent le plus souvent dans l’ombre ou occupent un rôle de soutien au sein d’entreprises agricoles plutôt qu’un rôle de chef de file.
Un vent de changement souffle. Parallèlement à une évolution démographique générale qui s’opère dans le secteur alors que les cohortes plus âgées partent à la retraite et qu’une nouvelle génération prend en charge la gestion et la propriété de leurs entreprises agricoles, de plus en plus de femmes accèdent à des postes de leadership au sein d’exploitations de tous types et de toutes tailles.
Je le vois de première main en tant qu’agricultrice en travaillant avec mon père à notre ferme familiale située près de Green Valley, dans l’est de l’Ontario. Je le vois en tant que conseillère agricole agréée en travaillant comme experte-conseil en intrants agricoles auprès d’agriculteurs et d’agricultrices de notre région. Il ne s’agit toutefois pas seulement d’observations personnelles.
Les données du dernier recensement montrent que les femmes représentent aujourd’hui une plus grande proportion de la population agricole que par le passé. Au Canada, environ 30 % de cette population est composée de femmes et, en 2021, le nombre d’exploitantes agricoles au pays a augmenté pour la première fois en 30 ans.
Statistique Canada attribue cette hausse au fait qu’un plus grand nombre de femmes gèrent aujourd’hui leur propre exploitation. Les données indiquent également qu’il n’y a jamais eu autant de femmes à la tête de grandes entreprises agricoles.
Pour les jeunes femmes en particulier, il n’est pas toujours facile d’accéder à des postes dans le secteur de l’agriculture, que ce soit au sein d’entreprises agricoles ou dans un large éventail de professions et carrières, comme celles d’agronome, de spécialiste de la nutrition animale, voire de conductrice d’équipement.
Un nouveau programme de mentorat agricole conçu spécialement pour les femmes peut désormais les soutenir dans leurs démarches. AgriMentor offre un service d’accompagnement individuel en anglais ou en français aux femmes du secteur agricole partout au pays.
L’initiative a été lancée l’année dernière en tant que projet pilote porté par les Agricultrices du Québec dans le cadre du programme Dimension E, qui offre des services aux femmes entrepreneures du domaine agricole et forestier. Dimension E est financé par le gouvernement fédéral, par l’entremise d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE).
Le succès du projet pilote au Québec, combiné à la nécessité d’offrir davantage de possibilités de formation aux femmes dans l’ensemble du secteur agricole, a mené à l’expansion du programme à l’échelle nationale et au lancement d’AgriMentor en 2024.
En Ontario, le programme est dirigé par l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) en collaboration avec la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, où je siège à titre d’administratrice.
L’UCFO jumellera des mentorées et des mentores qui s’engageront à se rencontrer au moins une fois par mois, en personne ou virtuellement, pendant une période de six mois. Le programme est ouvert aux Canadiennes qui souhaitent s’inscrire comme mentorées ou devenir mentores. La participation est gratuite, et un honoraire de 500 $ est offert aux mentores.
En plus de mettre à profit leur expérience et leurs connaissances, les mentores servent de caisse de résonance aux mentorées, leur fournissant des conseils et des perspectives nouvelles. Ce regard extérieur est énormément bénéfique, tant sur le plan mental qu’émotionnel, surtout lorsque la rétroaction est présentée de manière constructive et réfléchie.
En tant que mentorée, savoir que l’on n’est pas seule et pouvoir tirer parti de l’expérience d’une personne qui a déjà été à notre place est une source d’encouragement et d’autonomisation. C’est aussi une grande source de motivation qui permet de prendre davantage confiance en soi, en son entreprise et en sa carrière.
Le mentorat est un privilège auquel je n’ai pas eu droit au début de ma carrière. Bien que j’aie pu compter sur le soutien de collègues vivant des situations similaires, nous n’étions pas en mesure de nous offrir mutuellement les conseils et la perspicacité d’une mentore chevronnée.
Ce programme me passionne profondément pour ces raisons, et j’encourage toutes les femmes du secteur à envisager d’y participer, que ce soit en tant que mentorée ou en tant que personne pouvant jouer ce rôle crucial de mentore.
Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec :
Tyler Brooks
Directeur des communications et des relations avec les intervenants
Fédération de l’agriculture de l’Ontario
519-821-8883, poste 218
tyler.brooks@ofa.on.ca