Par Sara Wood, administratrice, Fédération de l’agriculture de l’Ontario
L’agriculture est un secteur traditionnellement dominé par les hommes. Les femmes en font partie intégrante depuis toujours, mais elles travaillent le plus souvent dans l’ombre ou occupent un rôle de soutien au sein des entreprises agricoles.
La situation est toutefois en train de changer. Je le vois de première main en tant qu’agricultrice, et les données du dernier Recensement de l’agriculture du Canada le confirment.
En 2021, le Canada comptait tout près de 80 000 exploitantes agricoles qui représentaient 30,4 % de la population agricole, une proportion en hausse par rapport à celle de 28,7 % enregistrée en 2016. En fait, c’était la première fois depuis 1991 que le nombre d’agricultrices augmentait au Canada.
Statistique Canada attribue cette hausse à l’augmentation des « exploitations ayant un seul exploitant », comme les appelle le ministère, c’est-à-dire les exploitations agricoles gérées par une seule femme. Les données indiquent également qu’il n’y a jamais eu autant de femmes à la tête de grandes entreprises agricoles et que l’Ontario compte un peu plus d’un quart des agricultrices du pays.
Notre ferme familiale est située près de Mitchell, dans le comté de Perth, à l’ouest de Stratford. Nous y élevons des poulets à griller et produisons diverses cultures. Si devenir agricultrice a toujours été pour moi une évidence, c’est parce que notre ferme familiale est quelque peu unique dans le secteur : elle a toujours été dirigée par une femme. D’abord ma grand‑mère, puis ma mère et maintenant moi.
Depuis que mon époux et moi avons pris en charge les activités quotidiennes de la ferme, ma mère joue davantage le rôle de conseillère, mais elle intervient dès que mes responsabilités hors de la ferme, comme mon rôle d’administratrice auprès de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO), m’éloignent de l’entreprise.
Par le passé, la participation au sein d’organisations agricoles était également à prédominance masculine, mais là aussi, les choses changent. Cette semaine, par exemple, des membres de la FAO se réuniront à l’occasion de notre conférence annuelle et diront au revoir à notre présidente provinciale sortante, Peggy Brekveld, la troisième femme à tenir les rênes de la plus grande organisation agricole générale de l’Ontario.
Je figure actuellement parmi les sept femmes qui siègent au conseil d’administration de la FAO, et deux des quatre personnes candidates à un poste d’administratrice ou d’administrateur sans pouvoir décisionnel au sein de notre conseil d’administration cette année sont des femmes.
À l’heure où de plus en plus de femmes, en particulier de jeunes générations, deviennent partenaires et décideuses au sein d’entreprises agricoles, je pense qu’il est important que nous soyons présentes aux tables des conseils d’administration et que nos voix soient entendues.
Toutefois, les femmes se heurtent encore à des obstacles dans notre secteur. Nous devons encore souvent nous battre pour que les fournisseurs de services agricoles – spécialistes de la nutrition animale, prêteurs agricoles, agronomes et gestionnaires de services d’équipement agricole, parmi tant d’autres – nous considèrent comme étant des partenaires égales et des décideuses informées d’entreprises agricoles. Il peut également être intimidant d’assumer un poste de direction, surtout au sein d’organisations où les femmes n’ont jamais joué des rôles particulièrement visibles. Et partout en Ontario et au Canada, les femmes qui désirent concilier vie professionnelle et engagement communautaire sont confrontées à des défis comme la garde d’enfants et d’autres responsabilités.
Ce type d’embûches a mené à la création de la conférence Advancing Women in Agriculture, qui se tiendra cette semaine à Niagara Falls. Cet événement vise à offrir aux femmes passionnées d’agriculture des possibilités de formation, de réseautage et de perfectionnement propres à leur rôle dans le secteur agroalimentaire. Chaque année, il rassemble des centaines de personnes qui partagent des vues similaires dans l’est et dans l’ouest du Canada.
La toute dernière ressource à l’intention des Canadiennes évoluant dans le secteur agricole est le programme AgriMentor, financé par le gouvernement fédéral. Pendant six mois, AgriMentor offre un soutien individuel en anglais ou en français aux femmes du secteur agroalimentaire en les jumelant à des mentores expérimentées de partout au pays. La FAO est fière de soutenir son pendant francophone, l’Union des cultivateurs franco-ontariens, dans le lancement et la mise en œuvre du programme.
J’encourage les femmes de notre secteur à tirer parti de ressources comme celles-ci et à ne pas hésiter à foncer, qu’il s’agisse de prendre la parole lors d’une réunion, de traiter avec des fournisseurs de services ou d’assumer un rôle de direction. Ce n’est pas toujours facile, mais en ce qui concerne l’agriculture, je crois que nous pouvons faire tout ce que font les hommes – parfois un peu différemment.
Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec :
Tyler Brooks
Directeur des communications et des relations avec les intervenants
Fédération de l’agriculture de l’Ontario
519-821-8883, poste 218
tyler.brooks@ofa.on.ca