Vue d’ensemble
Les changements climatiques constituent un enjeu mondial et ont des répercussions sur les agriculteurs de l’Ontario. La FAO collabore avec le gouvernement provincial dans le but de reconnaître les conséquences actuelles et futures des changements climatiques pour les entreprises agricoles de l’Ontario, de souligner la nécessité d’apporter des changements dans le secteur agricole pour pallier les changements climatiques et de souligner l’importance de mener des recherches et d’investir dans le secteur pour aider les agriculteurs à s’adapter.
Alors que des lois sur les changements climatiques sont adoptées, par exemple celles visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et que le système de crédit de carbone compensatoire est mis en œuvre, la FAO demande au gouvernement de l’Ontario d’étudier des façons de réduire le fardeau financier des agriculteurs de l’Ontario qui découlera de nouvelles règles comme la mise en place d’un prix réglementé sur les émissions de gaz à effet de serre. Certes, la FAO reconnaît la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais une augmentation réglementée des coûts liés à la production agricole et alimentaire au sein d’une industrie fragile qui n’a pas d’influence sur les prix est peu recommandée.
La FAO s’engage à collaborer avec le gouvernement et avec l’industrie pour veiller à ce que le nouveau système de crédits de carbone compensatoires reconnaisse le rôle de l’agriculture dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et inclut un processus simple, flexible et réaliste menant à la délivrance de crédits compensatoires pour les agriculteurs.
Position de la FAO
La FAO reconnaît que les changements climatiques se font de plus en plus sentir au fur et à mesure que les températures augmentent, et qu’ils se manifestent par des phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents et des tendances qui se dessinent. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un enjeu mondial qui requiert que les gouvernements, les collectivités, les entreprises et les individus prennent des actions concrètes et réalisent les investissements nécessaires.
La FAO soutient l’importance de mettre au point des politiques, des programmes et des initiatives de recherche en partenariat avec le gouvernement et la société en vue de réduire les causes (atténuation) des changements climatiques et d’aider les agriculteurs à s’adapter à leurs effets (adaptation). En outre, nous estimons qu’aucune politique provinciale ou fédérale sur les changements climatiques ne devrait avoir de conséquences sur la capacité des agriculteurs ontariens de demeurer concurrentiels dans les marchés nationaux et internationaux.
Taxe sur le carbone
Les politiques relatives à la taxe sur le carbone tentent de reconnaître les coûts externes des émissions des gaz à effet de serre (GES) sur l’environnement et visent, en théorie, à fournir des mesures incitatives d’ordre économique aux émetteurs dans le but de les inciter à apporter des changements à leurs pratiques et de diminuer les émissions plutôt que de payer davantage pour les émissions qu’ils produisent. Toutefois, l’énergie utilisée en agriculture est souvent très coûteuse et son utilisation est plutôt rigide; l’augmentation des prix des carburants qu’entraînerait l’application d’une taxe sur le carbone aura donc un effet relativement faible sur la quantité de carburant nécessaire pour la production alimentaire.
À ce jour, il n’existe aucun carburant de remplacement aux combustibles fossiles pour la production agricole et des améliorations majeures en matière d’efficacité dans l’utilisation des combustibles ont déjà été apportées. De plus, la majorité des produits agricoles sont commercialisés sur un marché mondial où il existe peu ou pas de marge pour transférer les coûts d’une taxe sur le carbone aux consommateurs. Pour ces raisons, l’application d’une taxe sur le carbone constitue un instrument inefficace dans le secteur agricole pour ce qui est de favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La FAO croit qu’une taxe sur le carbone est une mesure inappropriée et inefficace pour le secteur agricole et que tous les carburants utilisés sur les fermes pour la production agricole (y compris, mais sans s’y limiter, l’essence, le diesel, le gaz naturel et le propane) ne devraient pas être assujettis aux politiques d’une taxe sur le carbone. Nous croyons que dans un marché hautement concurrentiel, où les marges sont très minces, une taxe sur le carbone représente une augmentation réglementée des coûts de production, qui nuira à la compétitivité et qui, ultimement, nous empêchera de fournir aux Ontariens et Ontariennes les produits locaux qu’ils souhaitent se procurer.
Nous croyons qu’une approche plus efficace serait de promouvoir davantage la réduction des émissions en adoptant des pratiques de gestion bénéfiques (PGB), en investissant dans les technologies d’agriculture de précision à plusieurs niveaux et en créant des programmes qui reconnaissent les biens et services écologiques que fournissent les activités agricoles.
Adaptation
Il est primordial d’apporter les changements nécessaires pour que le secteur agricole soit en mesure de s’adapter aux changements climatiques afin d’assurer la sécurité alimentaire à l’échelle nationale, de soutenir les moyens de subsistance dans les régions rurales et de bâtir une économie prospère. Les agriculteurs ont besoin d’outils pour les aider dans leurs activités en vue de réduire les répercussions de la hausse des températures et de l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes sur leurs activités. La FAO exhorte le gouvernement à réaliser des investissements considérables dans la création d’outils, la mise au point de stratégies et la conduite de recherches afin de permettre au secteur agricole ontarien de s’adapter aux changements climatiques.
Nous sommes conscients que les répercussions des changements climatiques seront très variables et affecteront différemment les agriculteurs selon leur emplacement géographique et leur segment de production. Les conditions de plantation et de récolte qui varient d’une année à l’autre compliquent les calendriers agricoles et donnent des rendements imprévisibles. La FAO soutient que les gouvernements fédéral et provincial devraient accroître considérablement les investissements dans la recherche sur les changements climatiques, en portant une attention particulière aux stratégies d’adaptation agricoles à court et à long terme qui permettraient de renforcer la résilience du secteur agricole face aux conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles.
Il est possible d’atteindre une meilleure résilience agricole grâce à la mise au point de systèmes de prévisions et d’alertes météorologiques grandement améliorés, à des initiatives de recherche et développement axées sur la création de meilleurs programmes de reproduction animale et végétale, à l’élaboration de processus efficaces et dynamiques qui aideront à réagir aux menaces émergentes liées à l’apparition de nouveaux organismes nuisibles et de nouvelles espèces envahissantes, à des investissements dans les énergies, le transport et les infrastructures numériques, et à l’amélioration des programmes d’assurance agricole qui tiennent compte des nouveaux risques découlant des changements climatiques.
Atténuation des risques
La FAO soutient que les agriculteurs font partie de la solution aux changements climatiques. En tant que gestionnaires efficaces des cycles du carbone et de l’azote, ces derniers occupent une position unique pour participer davantage aux efforts de réduction des gaz à effet de serre. Il est nécessaire de mener des recherches de façon continue en vue d’exploiter ces possibilités et d’en élargir la portée ainsi que de créer des programmes acceptables qui favoriseront l’adoption des nouvelles mesures.
La FAO croit que l’agriculture fait le meilleur usage des terres arables en Ontario et que les écosystèmes agricoles fournissent des biens et services écologiques, tout en produisant de la nourriture, des fibres et des carburants. Les biens et services écologiques que fournissent les agriculteurs représentent des occasions importantes pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre volontaire si elles sont adressées de façon appropriée. La FAO appuie donc la création de programmes incitatifs qui encouragent la réduction des émissions dans notre secteur plutôt que la mise en place de réglementations. Les programmes fondés sur un financement à coûts partagés, les programmes de crédits de carbone compensatoires et les programmes incitatifs axés sur le rendement sont tous des moyens efficaces et éprouvés pour réduire la production de gaz à effet de serre et entraînent souvent des retombées positives sur le plan environnemental.
Bien que le secteur agricole ait déjà fait des efforts considérables pour renforcer l’efficacité de ses pratiques et réduire les gaz à effet de serre, les possibilités à ce chapitre ne sont certainement pas encore totalement exploitées. Les agriculteurs de l’Ontario ont une occasion unique de contribuer à une bioéconomie croissante qui cherche à remplacer les produits à base de combustibles fossiles par des produits dérivés de sources végétales renouvelables. Pour atteindre les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre provinciales, la FAO estime que les gouvernements doivent soutenir, de façon considérable et à long terme, la bioéconomie en vue de développer des marchés et de favoriser l’innovation.